Cinéma
critique GONE GIRL (2014)
2014 – USA – 2H29 - 08 Octobre 2014
Réalisé par David Fincher
Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne (Ben Affleck) déclare à la police la disparition de sa femme Amy (Rosamund Pike) après avoir retrouvé la maison saccagée. Au départ très coopératif avec la police, Nick va alors plonger dans une spirale infernale où toutes les apparences sont contre lui.
Adapté du best-seller de Gillian Flynn Les Apparences (Gone Girl; 2012) par la romancière elle-même, le dixième long métrage de David Fincher, Gone Girl, ne déroge pas à la règle de son cinéma et offre une fois de plus une enquête à la fois retorse mais néanmoins passionnante et regroupe multiples thématiques chères à l'auteur de Se7en, The Game ou encore Zodiac.
Ici on débute le film par la voix off du mari nous faisant frissonner quant à sa vision du couple nous montrant où il en est de ses pensées au bout de cinq ans de mariage. Dès le démarrage du récit Nick nous apparaît sombre et tordu. Plus tard la voix de Amy prendra le relais et nous pourrons ainsi, nous spectateurs, avoir un autre éclairage sur l'histoire qui est en train de se dérouler sous nos yeux. Que s'est-il passé exactement ce matin de juillet? Où est Amy? Est-elle morte? Nick est-il coupable de meurtre?
Petit à petit Gillian Flynn déroule son récit parfaitement maîtrisé de façon implacable. Le mystère reste entier! Entre passé et présent pour nous décrire la lente désagrégation d'un couple et le constat sans appel fait sur le mariage, Flynn tire aussi à boulets rouges sur les journalistes et leur envie de sensationnalisme, leur manque d'éthique et leur faculté à retourner leur veste afin de manipuler l'avis du peuple en flattant ses bas instincts! Le constat est d'une noirceur sans appel. La policière chargée de l'enquête dira même à son jeune adjoint qu'elle tente de mener une enquête et non pas une chasse au sorcières. Nos vies sont régies par la presse en continu en leur sensationnalisme à deux balles qui nous font regarder les infos comme si on suivait une série pleine de rebondissements et de coups de théâtre! En cela, Gone Girl est le matériau idéal pour David Fincher qui n'a eu de cesse de montrer dans sa filmographie des personnages plus subtils et plus ambivalents qu'ailleurs. En cela Nick Dunne pourrait très bien être le grand frère du Mark Zuckerberg qu'il dépeint dans The Social Network (2010)! Ou encore un cousin éloigné de son Nicholas Van Orton de The Game (1997). Un homme où il faut gratter plus profond qu'en surface pour en comprendre toutes les facettes!
De plus la noirceur de ce roman est parfaite pour l'univers d'un des plus grands cinéastes américains en activité. La vision de Flynn colle parfaitement à l’œuvre de Fincher. Notamment la vision tragique du couple ou des rapports amoureux qui ressort de l’œuvre entière du cinéaste: nombre de mariages brisés soit par la fatalité soit par l'usure sont légion (Se7en, The Game, Panic Room, Zodiac) ainsi que des relations impossibles (Benjamin Button, The Girl with the Dragon Tattoo).
Enfin Gone Girl prend la forme rêvée pour un film de Fincher: celle de l'enquête! Quelle soit menée par des policiers, journalistes, caricaturiste, punkette geek, ou encore homme d'affaire (Zodiac, The Girl With dragon Tattoo, Se7en, The Game) l'enquête engloutit toujours l'enquêteur chez Fincher en même temps qu'elle permet au spectateur de devenir un Sherlock Holmes le temps d'une projection. Ce côté immersif est aussi vrai pour son nouvel opus. Dès l'arrivée des policiers, le film donne au spectateur les mêmes clés qu'aux enquêteurs de sa fiction. Ici, chose rare, certains rebondissements nous permettront d'avoir de l'avance sur eux faisant penser par moments à un suspense Hitchcockien.
Mené de façon trépidante, grâce notamment au montage savant et brillant de Kirk Baxter (monteur attitré de Fincher depuis Benjamin Button; 2008), Gone Girl ne faiblit pas une seconde. Fincher emballe le tout de façon impeccable et permet aux acteurs d'incarner leurs personnages de façon exemplaire.
Depuis ses débuts au cinéma en James Bond Girl en 2002 (Die Another Day) Rosamund Pike n'a eu de cesse ces dernières années de nous étonner par la subtilité de son jeu ainsi que par sa beauté et son charisme naturels (Barney's Version; 2010, Jack Reacher; 2012). Ici elle donne le meilleur d'elle-même pour ce qui s'avère être son rôle le plus marquant. Ben Affleck, à l'instar du personnage qu'il incarne ici, a depuis quelques années réhabilité son image de la plus belle façon qui soit et à réussit à prouver au tout Hollywood qui se foutait de sa tronche il y a une dizaine d'années qu'il est un acteur/réalisateur qui compte! Les seconds couteaux, tous parfaits, sont au diapason. Notamment Kim Dickens, vue dans Hollow Man (P. Verhoeven; 2000) ou encore The Gift (S. Raimi; 2000), en flic dépassée, toujours marquante dans un second rôle et Carrie Coon, actrice issue de la télévision, qui incarne ici la sœur jumelle compatissante et révoltée de Nick Dunne. A noter aussi que David Fincher n'est pas homme à employer toujours inlassablement les mêmes acteurs (qui a dit Burton?) et donne sa chance à tout le monde dont Tyler Perry (l'avocat de Nick Dunne), acteur/réalisateur star auprès de la communauté afro-américaine qui cartonne aux États-Unis, souvent éreinté par la critique, totalement méconnu du grand public en France, dont la spécialité est le mélo féminin black (son plus réussi: For Colored Girls; 2010) ou encore la comédie familiale transformiste où il incarne avec récurrence le personnage de Madea, grand mère déjantée.
Pour toutes ces raisons et pour plein d'autres encore, que je vous laisse découvrir, Gone Girl est un film à voir absolument.
Trépidant, intelligent, formidablement fabriqué... L'un des meilleurs de l'année pour sûr. L'un des plus noirs aussi.
critiques HORNS / DRACULA UNTOLD
Dracula Untold
(2014; Usa; Gary Shore) 01/10/14
AVIS JP: Dracula revu et corrigé, version Blockbuster Hollywoodien dans la veine de ce qui se fait depuis plus de dix ans, à savoir raconter les origines d'un personnage célèbre pour arriver à ce qu'on connaît du mythe. Ça aurait très bien pu s'appeler Dracula Begins! Mais pourquoi pas! Ici, Vlad l'empaleur, interprété par un convaincant Luke Evans (Tamara Drewe) nous est présenté comme un père et mari aimant, prince valeureux qui s'associe à de dangereuses forces surnaturelles afin de sauver son fils des griffes du sultan Mehmet II. Il fera tout son possible pour ne pas succomber aux ténèbres lorsque sa soif de sang deviendra trop pressante.
Il est aussi de coutume récente de vouloir montrer le bon côté des méchants célèbres (Maleficent par exemple) ou en tout cas de filmer le basculement de ces êtres vers le côté obscur de la force. Avec ces deux tendances du cinéma Hollywoodien actuelles, Gary Shore, qui signe ici son premier long métrage de cinéma se débrouille plutôt bien pour trousser un film d'action à grande échelle, visuellement abouti (les scènes d'attaques de Vlad transformé en milliers de corbeaux contre une armée). Sans grand intérêt pour le mythe de Dracula, cette variante se regarde sans déplaisir pour autant.
Horns
(2013; Usa/Canada; Alexandre Aja) (01/10/14)
Accusé du meurtre de sa petite amie, Ig Perrish (Daniel Radcliffe) doit faire face aux habitants de sa petite ville, convaincus de sa culpabilité. Même ses parents ne croient pas trop en son innocence. Malgré la douleur de la perte de l'être aimé il doit faire face à un autre événement étrange dans sa vie: deux cornes lui poussent sur le front, permettant aux gens qui l'approchent de dévoiler leurs vices les plus enfouis.
AVIS JP: Présenté il y a plus d'un an au festival de Toronto, Horns avait tout du film qui allait rester sur les étagères des distributeurs ad vitam aeternam. Heureusement Metropolitan distribue en France ce sixième opus d'Alexandre Aja, adapté du roman de Joe Hill. Par ailleurs, il est heureux de revoir Aja aux commandes d'un film qui ne soit pas un remake! Après trois réalisations et une production où le réalisateur apportait sa vision à des films pré-existants (Piranha, Mirrors, The Hills have eyes et Maniac), le cinéaste, spécialiste du film d'horreur nous revient en forme avec cet ovni qu'est Horns.
Inclassable par ses différentes tonalités (comique, horrifique), le film met en scène un Daniel Radcliffe qui se bonifie au fil des années après une Woman in Black mettant déjà en valeur un jeu plus sûr que sur la saga Harry Potter. Le reste du casting est au diapason de cette histoire barrée retraçant le chemin de croix d'un jeune homme qui tente de démasquer le tueur de sa bien aimée de façon totalement rock'n'roll. Il faut voir ces scènes hilarantes où à son contact les habitants de la petite ville confessent leurs pires vices et leurs pensées les plus noires. En exemple, ces deux journalistes prêts à se tabasser rien que pour avoir l'exclusivité de son interview pour faire avancer leurs carrières!
Au final Horns, séduit immédiatement par son univers barré, ses rebondissements ainsi que par sa violence burlesque (la scène de confrontation finale) et donne à Alexandre Aja, une fois de plus, l'occasion de prouver qu'il est l'un des petits maîtres du fantastique actuel.
Critiques MR. BABADOOK, LUCY
Babadook (The)
(2014; Australie; Jennifer Kent) (30/07/14)
Une mère, au bord d'une dépression nerveuse, élève seule un fils turbulent et différent. Rejeté par l'école et par sa propre famille, l'enfant est déscolarisé et oblige la mère, déjà très fatiguée, à redoubler d'efforts avec lui. Au même moment un livre diabolique, Mister Babadook, va mettre la petite famille en péril.
AVIS JP: Jennifer Kent, réalisatrice, actrice et scénariste australienne, adapte ici Monster son court métrage de 2005. Dès les première images on sent une réelle patte de metteur en scène. Froide et concise la réalisation de Kent installe une atmosphère lugubre en filmant le quotidien de cette famille que l'on sent au bord de l'explosion. L'arrivée du fantastique dans leur vie va tout faire voler en éclats et révéler les sentiments sous-jacents dont Babadook sera le symbole. L’interprétation de Essie Davis (la mère) et Noah Wiseman (l'enfant) est juste excellente. La montée progressive de l'angoisse est parfaitement dosée jusqu'à un finale très convaincant. The Babadook pourrait bientôt devenir un futur classique du genre.
Lucy
(2014; France; Luc Besson) 06/08/14
Notre cerveau n'utilise que 10% de ses capacités. Lucy (Scarlett Johansonn), jeune étudiante, après une mauvaise expérience avec des malfrats va voir ses capacités intellectuelles se décupler...
Avis JP: Pour son 15ème long métrage, Luc Besson revient au film d'action mâtiné de SF avec personnage féminin dans le rôle titre. Ça vous rappelle Nikita? Et bien on en est très loin! Si la bande annonce vous donnait envie, n'y allez pas! Dès les premières scènes ça sent mauvais! Scarlett Johansonn est très mauvaise lorsqu'elle joue la victime qui ne comprend pas ce qu'il lui arrive. Ensuite lorsqu'elle se transforme en machine à tuer redoutablement froide c'est un chouïa mieux mais ce n'est toujours pas ça! Faut dire qu'elle n'est en rien aidée par un scénario invraisemblable auquel on ne croit jamais! Besson fait ce qu'il peut avec ce gros téléfilm SF ringard mais lorsqu'il a l'occasion de montrer tout son talent, il rate les rares scènes d'action, notamment celle du carambolage qui donne l'impression d'être devant un énième Taxi. Loupé!
Critiques PARANORMAL ACTIVITY THE MARKED ONES / LOVELACE
Lovelace
(2013; Usa; Rob Epstein et Jeffrey Friedman) 08/01/14
Parcours de Linda Lovelace, devenue star du porno grâce au succès phénoménal de Gorge Profonde.
AVIS JP: Ces dernières années Le biopic est tellement à la mode qu'on adapte la vie de tout le monde à tour de bras. Même la vie des stars du X, c'est pour dire! Genre généralement peu intéressant du cinéma, que ce soit en terme de mise en scène ou de scénario, le biopic voit peu de réussites artistiques en découler (La Môme ou plus récemment l'excellent Loup de Wall Street). Ce genre mineur sert uniquement la carrière des acteurs qui se griment et incarnent, parfois à la perfection, les modèles préexistants. Ici la délicieuse Amanda Seyfried n'a aucune ressemblance physique avec la véritable Linda Lovelace! Mais c'est un mal pour un bien car on s'attache plus facilement à elle et du coup on évite les comparaisons futiles. Le scenario, pas bien brillant est rehaussé par l'interprétation de sa sublime actrice principale qui, comme celle de Sharon Stone (méconnaissable), fait le sel du film. Pas un chef d'œuvre – loin s'en faut – mais un film intéressant sur une jeune femme face à la réalité sordide du porno.
Paranormal Activity: The Marked Ones
(2014; Usa; Christopher Landon) 01/01/13
Après avoir été «marqué», Jesse commence à voir des choses étranges lui arriver. Il developpe certains pouvoirs alors qu'une enitité mystérieuse commence à le hanter.
AVIS JP: Ce spin off de la franchise Paranormal Activity est une bonne surprise. Changeant radicalement d'univers et de décors (ici les latinos aux modestes appartements surpeuplés face aux riches W.A.S.P aux demeures immenses dans les quatre premiers épisodes «officiels»), The Marked Ones a aussi la bonne idée d'introduire un jeune homme en tête d'affiche et une bonne dose d'humour. Les scènes de frayeurs sont bien amenées et même si le concept de la saga devient balisé, on se surprend à sursauter avec toujours autant de plaisir avec une véritable envie d'en savoir un peu plus sur cette assemblée de sorcières. Divertissant.